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Etude socioéconomique des facteurs déterminants des problèmes respiratoires en milieu urbain

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Auteur: 
KAID TLILANE Nouara
Editeur: 
Editions Al-Djazair
Date de parution: 
09/01/2015
Nombre de page: 
118
Fichier joint :
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Description :

AVANT – PROPOS
 
 

La santé ’’environnementale’’ est à la fois une pratique et une science. Son champ concerne les déterminants de la santé qui sont liés à la qualité des milieux de vie des populations. En tant que pratique, au travers des politiques publiques, la santé environnementale vise à réduire les menaces qui pèsent sur les personnes dans leur cité, leur logement, leur lieu de travail, et mobilise dans ce but un ensemble d’institutions publiques nationales ou locales, d’organismes privés et de professionnels qui y exercent. Pour avancer dans cette voie et être efficace, ces politiques publiques doivent être éclairées par les connaissances produites par un vaste ensemble de disciplines scientifiques qui, en retour, impliquent le développement.

 
Les facteurs de risque sanitaire liés à l’environnement constituent des déterminants importants de l’état de santé de la population, et sont une source de préoccupation quotidienne de la population. Les progrès de la science ont permis, au cours des trois dernières décennies, d’investir de plus en plus précisément ce champ de l’effet des agents physiques, chimiques et biologiques présents dans les milieux sur la santé humaine. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que la qualité de l’air, de l’eau et des sols, l’environnement professionnel, la protection contre les événements météorologiques extrêmes doivent être pris en compte dans l’élaboration des politiques de prévention en santé publique. Il convient par ailleurs d’orienter la recherche vers d’autres facteurs émergents. En outre, la réduction des expositions de la population devrait contribuer à la réduction de celle du patrimoine nature.
 
Compte tenu de la multiplicité des expositions auxquelles est soumise la population, quotidiennement, dans les différents microenvironnements où elle évolue, et des effets cumulatifs de ces expositions, il est nécessaire d’adopter une approche par lieux de vie et milieux. Comme nous nous intéressons, dans ce présent travail aux facteurs de risque des problèmes respiratoires, nous avons envisagé, l’environnement général de l’air et l’habitat. Quelques problématiques spécifiques ont également été abordées tels que les risques liés au tabagisme passif.
 
A partir de cet état des lieux, nous avons analysé les différents déterminants. Malgré leurs imperfections, qui seront soulignées dans ce travail, les données disponibles témoignent quand même de progrès sensibles. De plus, des faits scientifiques justifient pleinement l’attention prêtée à ce champ santé - environnement. A titre d’exemple, la qualité chimique de l’air, dans l’habitat et en milieu ouvert urbain, est aujourd’hui considérée comme une des causes possibles de la forte augmentation du nombre de jeunes personnes asthmatiques constatée depuis 30 ans. Cette hypothèse est de plus en plus fortement étayée par des arguments scientifiques développés dans la littérature internationale, associant les données épidémiologiques et les résultats récents des travaux toxicologiques. Cet exemple montre comment les progrès, indéniables, enregistrés sur le front des sources de pollution de l’air d’origine industrielle pourraient être contrariés, entre autres raisons, par les conséquences du développement formidable des transports motorisés urbains et interurbains des personnes et des marchandises. En effet, dans les pays les plus avancés, la baisse de la fréquence des bronchites chroniques s’accompagne d’une véritable épidémie des maladies allergiques. Il y a lieu aussi de s’interroger sur les raisons pour lesquelles, malgré les progrès diagnostiques et thérapeutiques durant ces 30 dernières années, on observe une augmentation sensible de l’incidence de certains types de cancers, indépendamment du vieillissement de la population et des conséquences connues du tabagisme (une hausse de 35% en 20 ans, depuis 1980 en France, à âge égal, indique le rapport du COPNSE de 2004).
 
A titre individuel, les risques induits peuvent être qualifiés de ‘’faibles’’, même si certains individus ou groupes d’individus sont plus atteints, parce que, soit ils sont moins aptes à faire face à ces agressions, pour des raisons génétiques, physiologiques, ou sociales, ou bien ils subissent la conjugaison d’expositions variées. Mais, si ces conséquences sont modestes au niveau individuel, elles peuvent avoir des impacts sanitaires substantiels au plan collectif, lorsqu’elles concernent de vastes populations. Ces notions de ’’risque’’ sont très importantes pour guider l’action publique. La mesure et la perception de ces risques ainsi que leur évaluation économique, sont très difficiles à réaliser, ce qui n’aide ni à l’objectivisation des débats ni à la hiérarchisation des prises de décisions. Ces questions posent en effet des défis majeurs sur le plan de la connaissance. Au niveau international et notamment dans les pays en développement, la recherche n’a pas pu être développée dans ce domaine. Cette faible contribution à l’effort scientifique réduit l’aptitude du pays à gérer intelligemment ces risques environnementaux, car elle induit un décalage grandissant entre les attentes des citoyens et les réponses des autorités politiques. Ainsi, il est nécessaire d’entretenir la capacité d’expertise scientifique à un haut niveau qui ne peut se faire que par la pratique régulière de la recherche.
 
 
Pr. KAID TLILANE Nouara
Université Abderrahmane Mira de Béjaïa 
Extrait du COPNSE : Rapport de la Commission d’Orientation du Plan National Santé Environnement.
 Février 2004. PP. 1-7