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LES VILLES ALGÉRIENNES AUJOURD’HUI

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Auteur: 
Safar Zitouni Madani
Editeur: 
Editions Al-Djazair
Date de parution: 
21/11/2014
Nombre de page: 
19
Fichier joint :
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Description :

Préface
Parler de nos villes, c’est faire le bilan de nos pratiques passées, de nos réussites comme de nos échecs, de notre force comme de nos faiblesses, de nos rêves comme de nos désillusions, l’action humaine étant jonchée de déboires et de petits bonheurs. C’est aussi faire le diagnostic de nos expériences en matière de gestion et de planification urbaines, expériences qui s’étalent dans le temps, transformant chaque jour davantage les territoires urbains que sont les villes, ces dernières constituant les véritables stratifications de l’œuvre conjuguée du temps et de l’homme.
Faire le bilan de 50 ans de pratique urbaine, c’est connaître par quoi sont passées les villes algériennes depuis le départ des français, la manière dont elles ont fait face au rush migratoire, aux défis qu’elles ont dû relever, aux différentes crises qu’elles ont traversées, les étapes de leur croissance et la forme qu’elles ont prise au fil des années. C’est aussi analyser les effets engendrés par l’action des pouvoirs publics face aux enjeux auxquels il fallait répondre, au- delà même de la précarité de la situation aussi bien économique que politique et sécuritaire que le pays a vécu ces dernières années, avant de recouvrir une certaine stabilité et un peu de quiétude et de sérénité.
 
En effet, au lendemain de l’indépendance, l’afflux de populations à l’affut du mirage urbain a poussé nos villes, incapables de contenir ces flots continus de population, à s’étaler indéfiniment dans l’espace, croître de façon exponentielle et à multiplier leurs surfaces urbanisées, si bien que l’étalement urbain, expression contemporaine par excellence du développement urbain, a annihilé les distances séculaires qui les séparaient de leurs campagnes et à étendre les limites territoriales entre entités administratives distinctes.
La ville algérienne, qu’elle soit une mégalopole, à l’instar d’Alger, Oran et Annaba, ou une entité dépassant d’à peine les dimensions d’une simple bourgade, souffrent toutefois des mêmes crises et se débattent dans les mêmes problèmes, qu’il s’agisse de problèmes de peuplement et donc de travail et de logements, de crise d’identité, de désordres urbains, de problèmes économiques, de clivages sociaux, de délinquance, de problèmes de transport et d’accessibilité, d’atteintes à l’environnement, d’insécurité, autant de facteurs résultant de l’effet concomitant de l’étalement urbain et des pratiques urbaines pas toujours réussies appliquées par les décideurs.
Cet étalement urbain a induit un type de développement tout à fait caractéristique : une urbanisation au coup par coup, au gré des opportunités foncières et aux impératifs de l’urgence. Le territoire est ainsi divisé, fragmenté par des poches d’urbanisations qui n’entretiennent aucun rapport entre elles, ni avec les secteurs déjà urbanisés. L’ensemble s’accompagne d’une standardisation des constructions pareillement différentes, qui pour l’essentiel échappent complètement à une réflexion sur leurs qualités d’usage, leur insertion dans l’environnement, leur rapport au paysage et à la parcelle. Il a occasionné également un coût écologique certain, un inconfort grandissant avec une congestion croissante des réseaux de transports, un coût humain, puisque la route compte chaque année un nombre trop important de morts ou d’accidentés, une désagrégation du lien social de voisinage, un coût énergétique de plus en plus élevé, etc.
C’est ainsi que les villes Algériennes se sont développées, à l’instar de toutes les villes du monde souffrant des mêmes entraves, de manière tentaculaire et désordonnée, les instruments mis en œuvre pour en gérer le territoire s’étant avérés incapables d’en résorber les problèmes.
En effet, toutes les politiques adoptées, notamment à travers les instruments d’urbanisme successivement élaborés, depuis l’indépendance et jusqu’à nos jours n’ont pu venir à bout de la situation chaotique dans laquelle nos villes ne cessent de se débattre depuis des décennies. Une brève rétrospective de l’analyse de ces instruments nous révèle que, jusqu’à présent aucun des instruments mis en place n’a eu droit à une longévité qui lui aurait permis de faire ses preuves quant à une gestion, et à fortiori à une planification pérenne du territoire urbain. Les Plans d’Urbanisme Directeur (PUD) étaient déjà obsolètes au moment de leur achèvement, dépassés qu’ils ont été par une urbanisation encore plus rapide et plus vorace. Le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU) a échoué, quant à lui, en raison de l’absence d’une vision globale et cohérente de l’aménagement du territoire, son champ d’application concernant les espaces administratifs uniquement.
Le but recherché, à travers ces rencontres et ces publications, est de trouver une sorte d’équilibre dans la perception de la ville algérienne et ses territoires, par le biais de la confrontation entre cadres conceptuels, sensibilités théoriques et analytiques et décisions politiques, de relever ses paradoxes et ses contradictions, d’accompagner sa genèse et ses transformations, de mieux cerner les pratiques de sa gouvernance et de sa gestion, en mettant en présence à la fois son quotidien et son avenir.

Cet ouvrage, constitué par un recueil de communications se veut une occasion d’entamer une réflexion profonde sur les conditions de développement de nos villes et la précarité de leur situation présente, vu le nombre et la nature des problèmes qui en dénaturent le caractère propre. Il se veut surtout un moyen de recherche des pistes de solution susceptibles d’assurer à nos villes une meilleure gouvernance et une meilleure conception d’un développement durable réunissant, aussi bien les attributs physiques et naturels, que les impératifs d’équité sociale et d’usage des ressources, entre les populations aussi bien présentes que celles à venir.